Jump to content

Jack Findlay's Mc Intyre Matchless


pieR6

Recommended Posts

Je découvre seulement aujourd'hui ce concours ,ça y est tu te lances je vais suivre ça avec beaucoup d'intéret tu imagines ,bon courage et la H2 ou en es tu? si tu as des soucis de decalques tu sais que j'en ai.

Merci de ton soutien Hervé. Oui je vais me donner à fond sur ce projet, tu t'en doutes ;)

Pour la H2, pas de soucis. Avec l'aide de certains membres du Forum (ton scan m'a été fort utile :po :po), une planche neuve a carrement été crée, à mon avis encore plus belle que l'origine :). Là j'attends le tirage par un artisan local (50 ex. mini) courant janvier en principe, et bien sur il y en aura 1 ou 2 pour toi ;)

Link to comment
Share on other sites

Voilà donc le démarrage du projet. Depuis quelques jours je fais du tri dans mes documents et dans mes notes pour essayer de vous faire une présentation assez détaillée mais pas trop lourde, si certains veulent plus de détails sur un chapitre ou l'autre qu'il n'hésite pas à me le dire. ;)

Plan de la présentation : PROJET FINDLAY'S MATCHLESS Mc INTYRE

A - La machine :

I - La moto de base :

1) Bref historique de la marque

2) La G50

II - La Mc Intyre :

1) Bob Mc Intyre, pilote et concepteur

2) La moto

B - Le pilote :

I - Son histoire :

II - Son palmarés :

C - L'AVENTURE :

I - Le récit :

II - Présentation du projet de kit :

Link to comment
Share on other sites

PROJET FINDLAY'S MATCHLESS Mc INTYRE

A - LA MACHINE

I - La moto de base : la Matchless G50

1) Bref historique de la marque

Matchless (de "match less", littéralement "incomparable") fut l'une des toutes premières marque de moto anglaise ; la marque est née pratiquement avec le XXème siècle. En 1899, à Plumstead (sud de Londres), H.H. Collier et ses trois fils, Bert, Charlie et Harry, produisent leurs premières motos en insérant de petits moteurs de 2,75 ch, dans des cadres de bicyclettes. Après quelques succès notables au Tourist Trophy de Charlie Collier au guidon d'une de ses machines (il gagne notamment la course réservée aux monocylindres lors de la première édition du TT en 1907), la notoriété de Matchless se développe fortement.

En 1931, Matchless rachète la firme AJS (*), en faillite. La totalité de la production sera rapatriée vers l’usine familiale de Plumstead. Le groupe Matchless-AJS devient AMC. Après guerre, AMC rachètera encore d'autres marques, dont Norton en 1952, il regroupera à son apogée : AJS, Brockhouse Engineering, Francis-Barnett, Indian, James, Matchless, Norton, Royal Enfield, Velocette. En 1966, la firme Manganese Bronze Holdings rachète AMC, en liquidation judiciaire, et fonde Norton?Villiers Ltd. Dès lors les Matchless seront équipées d’un moteur Norton. En 1969, Norton-Villiers Ltd place tous ses espoirs dans la Norton Commando. La marque Matchless disparaît.

Au cours de son histoire, Matchless produira plutôt des motos conventionnelles, mais la marque sait aussi innover. En 1941, ils inventent la première fourche télescopique. Dans les années 50, ils construisent une série de fameux monocylindre de 500cc, 600cc et 650cc, appelé "clubman". En 1959, pour concurrencer la Norton Manx, Matchless produit une 500cc monocylindre de Grand Prix , dérivée étroitement de la réputée AJS 7R 350cc : la G50. Destinée aux "privés", c'est une machine simple, très légère avec un des premiers carter de boîte en magnésium. Avec elle Matchless marquera l'histoire de la course moto, comme Norton avec la Manx.

________________________________________________________________________________

(*) La marque AJS fut créée au tout début des années 1900 par Joe Stevens, qui construisait des moteurs à Wolverhampton depuis 1897, et quatre de ses cinq fils. Ils produisirent leur première moto dans l’établissement familial : Stevens Screw Co. Ltd. Une moto de 298 cm3 à soupapes latérales. En 1910, afin de protéger le nom existant de leurs moteurs, il était nécessaire de penser à un nouveau nom pour leurs motos. Après plusieurs délibérations, ils choisirent d'employer seulement des initiales. Harry, George, Jack, et Joe junior décidèrent d’utiliser les deux autres prénoms qu’avait Jack, soit Albert John ; les initiales A.J.S. furent retenues.

En 1914, AJS s’illustra en remportant une première victoire au Tourist Trophy dans la catégorie "Junior". Mais, en 1931, les frères Stevens durent vendre la société AJS, en faillite, aux frères Collier qui construisaient les Matchless. Au cours des années qui allaient suivre les marques AJS et Matchless allaient avoir une histoire commune.

ajs23.jpg

Les AJS étaient les motos britanniques les plus rapides à la veille de la guerre. Après cette dernière, en 1949, pour les amateurs privés, AJS sortit la mythique 7-R (Boy’s Racer), un 348 cm3 a simple ACT.

ajs21.jpg

Link to comment
Share on other sites

PROJET FINDLAY'S MATCHLESS Mc INTYRE

2) La Matchless G50

FMM011.jpgmanuel.jpg

En 1959, Matchess construit une 500cc de grand prix destinée aux pilotes privés. La cible est clairement la Norton Manx. Issue de la 350 AJS 7R (Boy Racer") de 1948, monocylindre simple arbre a came en tête entraîné par chaîne l'architecture moteur est simple. Avec son moteur super carré (90 X 78) qui permet des vitesses de rotation importantes. Dotée d'une des premières boîte de vitesse en magnésium, la G50 atteignait dans sa version 1962 45 cv avec une vitesse de pointe de plus de 200 km/h.

FMM012.jpg

Machine facile à régler, légère et maniable, la G50 était néanmoins pénalisé au niveau de sa fiabilité par la chaîne de distribution et le simple arbre à came, par rapport au couple conique et au double arbre de la Manx.

FMM014.jpg

Au niveau du chassis, la G50 était classique, identique à celui de l'AJS 7R. A partir de 1965, les préparateurs comme Seeley ou Rickmann, construisirent des cadres pour le moteur G50. Ces machines figurent encore aux avants potes dans les courses de motos anciennes. Mais s'il y eu de nombreuses préparations de G50, il n'y eu qu'une seule "Mc Intyre".

FMM015.jpg

FMM013.jpg

Link to comment
Share on other sites

PROJET FINDLAY'S MATCHLESS Mc INTYRE

II - La Mc Intyre :

1) Bob Mc Intyre, pilote et concepteur : L'histoire de l'homme qui franchi le premier le mur du "ton"

FMM016.jpg

Le pilote écossais Bob Mc Intyre (28 nov 1928 – 15 aout 62), est resté dans l'Histoire du sport moto pour avoir été le premier à passer le mur du "ton" du mythique Tourist Trophy (1957), battu le record de l'heure, à Monza, et terminé deuxième du Championnat du Monde 500cc ; tout cela la même année.

Mais Mc Intyre a apporté encore plus. Il fut un mécanicien intuitif et novateur, qui participa à la conception de certaines des motos qu'il pilota. Il était aussi très apprécié sur les circuits, pour sa disponibilité auprès de tous. Jamais avare d'un conseil à un néophyte ou d'un autographe à un spectateur. Geoff Duke a dit de lui : “He was the most determined rider that I came across.”

MCI01.jpg

La carrière de Bob débute en 1948, par le tout-terrain. En 1952 il termine premier en 350 cc et second en 500cc au Tourist Trophy … avec la même machine, une AJS 7R 350cc. En 1953, après quelques victoires sur "short circuits" en Angleterre, Bob se rend à la North West 200, où il remporte sa première victoire internationale en 350cc sur une AJS 7R. En dépit de son abandon lors du TT cette année-là, sa performance a été remarqué par AJS, et il rejoint l'équipe officielle pour la saison 1954. Elle se solde par une victoire à Pau, une troisième place au Grand Prix d'Ulster et une place dans les six premiers en Hollande, Suisse et Belgique. Il terminera 14ème du Senior TT sur AJS 350cc.

AJS s'étant retiré de la course, Bob redevient un "privé" il pilote alors une Norton, améliorée et carénée par ses soins (déjà !), avec l'aide financière de Joe Potts un entrepreneur de Glasgow, qui le soutien et pour lequel il va travailler comme mécanicien. Avec cette moto il accumule les places d'honneur face aux pilotes d'usines. Cela lui vaut l'estime de tous et notamment du grand Geoff Duke, pilote d'usine Gilera. Aussi, début 1957, lorsque ce dernier est blessé, il intervient personnellement pour que Gilera prête une quatre cylindres Gileras à Mc Intyre pour le TT.

MCI02.jpg

La semaine de course démarre par le Junior TT. Il bat le record du tour avec 97,42 mph et gagne la course avec une moyenne 94,99 mph. A l'occasion de son cinquantenaire, le Senior TT se dispute sur 8 tours (... 302 miles !). Gilera a rajouté des réservoirs dans les flancs du carénage pour le surplus de carburant. Ce supplément de poids ne l'empêcha pas de couvrir le premier tour 99,99 mph de moyenne. Il réalise le deuxième tour à 101,03 mph, et le quatrième, le plus rapide, à 101.12 mph. Il rattrape et dépassé le champion du monde 1956, John Surtees, sur MV 500. Mc Intyre gagne après une course de trois heures, deux minutes et cinquante-sept secondes. Cela aura été le meilleur TT de Bob Mc Intyre. Qui restera dans l'histoire comme le premier pilote à avoir dépassé le "ton" (100 mph de moyenne au tour). Il peut gagner le championnat du Monde, mais une chute à Assen, l'écarte des circuits pour près de deux mois. Il finit second au Grand Prix de l'Ulster 500 cc et remporte le GP d'Italie 350cc à Monza. Son coéquipier Libero Liberati remporte le Championnat du monde 500 cc 1957 Bob McIntyre termine second. Il est troisième au Championnat du Monde 350. 1958 j'annonce pleins de promesses pour lui, mais fin 1957, les usines italiennes arrêtent les Grands Prix à cause de l'augmentation des coûts. Néanmoins en novembre, Gilera permet à Mc Intyre de rouler à Monza avec une 350 cc pour tenter de battre le record de l'heure. Il réalise une moyenne de 141 mph, malgré la surface bosselée du circuit. Ce record tiendra jusqu'en 1964. Année ou Il sera battu par Mike Hailwood sur une MV à 144,8 mph, à Daytona.

MCI03.jpg

Dans les années qui suivirent Bob Mc Intyre revint dans l'équipe de Joe Potts pour construire un cadre pour moteurs monocylindres et courir avec. Il prépara sa machine à l'atelier de Belshill, aidé par Pim Fleming, le mécanicien, et Alec Crummie, le soudeur de l'entreprise. En 1960, des cadres identiques furent construits pour la 350cc et la 500cc. La version la plus grande supportant un moteur de Norton Manx et la plus petite un 350 cc AJS 7R. Mc Intyre était habitué à courir dans les deux catégories et il n'aimait avoir des cadres avec des comportements différents. La Norton spéciale débuta en 1960 lors du Silverstone Hutchinson 100. Mc Intyre gagna en 500cc devant Mike Hailwood. L'écossais bien, que courant pour ensuite pour Honda et Bianchi (podiums en Hollande, Belgique et Allemagne de l'Est. 4éme du championnat 500 de 1961), continua à piloter ses monocylindres spéciaux et il développa, en 1961, un tout nouveau cadre pour son AJS.

FMM019.jpg

En 1962, McIntyre termina deuxième en Espagne et en France et gagna le GP Belgique à Spa-Francorchamps. Ce sera sa dernière victoire internationale. Le pilote participait encore à des courses hors championnat. C'était le cas à Oulton Park, en août 1962. Il remporte la course des 250 cc, puis s'aligne dans la course de 500cc avec sa Manx spéciale. Après un mauvais départ, il se bat pour rejoindre la tête lorsque qu'il chute. Gravement blessé, il décédera neuf jours plus tard à l'hôpital. Mais son oeuvre survécu.

Il laissait derrière lui une machine très particulière, novatrice, à moteur Matchless montée dans un cadre périmétrique qu'il avait imaginé. Cette moto, considérée par les spécialistes des "short circuits" comme l'arme absolue, sa veuve ne voulait pas la céder à un pilote anglais. Ce fut un certain Jack Findlay, pilote australien, qui finit par l'acquérir … Une autre mythe était en train de naître.

MCI04.jpg

Link to comment
Share on other sites

Merci de votre intérêt les gars :po Voilà la suite ...

PROJET FINDLAY'S MATCHLESS Mc INTYRE

2) La Matchless 500cc Mc Intyre

Il est intéressant de noter que l'on trouvait déjà quelques-uns des principes à la base de l'architecture de la Matchless Mc Intyre sur la Norton Potts' spéciale de 1960 (cf. photo supra). En effet, déjà sur le cadre de cette dernière : les tubes principaux ne font pas une boucle pleine autour du moteur, les tubes supérieurs sont quasi rectilignes, des attaches de suspensions arrières à la colonne de direction, le réservoir d'huile offre une large surface latérale pour favoriser le refroidissement et la zone autour du carburateur est bien dégagée pour permettre à l'air d'être le plus frais possible. Mais Mc Intyre poussera plus loin ces concepts en imaginant un cadre pour le moteur de la Matchless G50.

Lorsque Bob Mc Intyre se lance dans ce projet, il a trois objectifs : légèreté, pénétration dans l'air et maniabilité. Il a certainement présents à l'esprit son expérience des courses sur les short circuits anglais et les déclarations de Giulio Carcano, ingénieur génial de Moto-Guzzi (entre autre père de la V8) quelques mois auparavant : "un certain type de monocylindre peut battre les multicylindres en 500cc, il doit faire moins de 110 kg et au moins 50 cv à la roue arrière". Au final le prototype de Bob Mac pèsera 130 kg pour 50 cv.

FMM020.jpg

L'histoire commence au cours de l'hiver 1961. En recherchant de réduire le poids et la surface frontale au maximum, Bob et Alec Crummie, son soudeur attitré, bâtirent un cadre qui enveloppait, plus qu'il ne portait, le moteur d'AJS 7R. La structure était pure et originale. Deux tubes droits partant de la colonne de direction rejoignaient un tube qui entourait le bas moteur et la boite jusqu'à l'axe du bras oscillant. Deux autres tubes partaient de ce dernier pour rejoindre la colonne de direction. Le reste, de la structure, un triangle en tube plus fins (3.81 cm au lieu de 6,35 cm) ne servaient qu'à supporter la selle et les divers accessoires et à la fixation supérieures des amortisseurs (*) La moto était équipée d'une fourche de Manx mais avec des tés plus étroits de 5 cm (pour réduire la surface frontale). L'ensemble était si compact que le réservoir dû être très évidé pour permettre au carburateur de trouver sa place. Le moteur était incliné de quelques degrés vers l'avant pour encore baisser le centre de gravité.

FMM022.jpg

Le moteur 500cc de la G50 ayant les mêmes dimensions que le 350 cc de la 7R, les deux pouvaient se monter dans le cadre. "Monter" au sens littéral, car vu la forme du cadre le seul moyen était de la passer par dessous du cadre périmétrique. En 1962, dans sa configuration avec le moteur G50 (50 cv) La Matchless Mc Intyre avait le meilleur rapport poids-puissance des 500cc de Grand Prix.

FMM024.jpg

La moto commençait sa carrière au printemps 1962. Elle faussait preuve d'un gros potentiel, mais Bob, pilote officiel Honda ne put la piloter en Grand Prix, seulement dans quelques courses locales. Et le mois d'août 1962 arriva bien vite, trop vite … Mais, ce fut un bien bel héritage que laissa Bob Mac, puisque plus de quarante plus tard sa légende vibre encore.

Et pour finir, ce soir, dans l'ordre un clin d'oeil et un peu de rêve en attendant la suite …

FMM021.jpg

FMM023.jpg

________________________________________________________________________________

(*) la comparaison est osée, mais j'y vois un peu la même logique que les cadres modernes avec structure de selle auto-porteuse. Hormis, bien sûr, la fonction d'attache supérieure des amortisseurs aujourd'hui sans objet.

Link to comment
Share on other sites

Je me délecte de ta présentation...c'est super intéressant, même pour un "non-motard", j'adore, on apprend des trucs...

On sent à travers ta présentation toute la passion...

On en redemande, vivement la suite...

Link to comment
Share on other sites

Merci Hugs ;) alors voila la suite :

PROJET FINDLAY'S MATCHLESS Mc INTYRE

B - LE PILOTE

I - Son histoire

FMM025.jpg

Cyril John Findlay voit le jour le 5 février 1935 à Mooroopna, "eaux profondes" en aborigène, (Etat de Victoria, Australie), au nord de Melbourne. Depuis tout jeune, il a la passion de la moto et plus particulièrement du pilotage et de la course. A 15 ans, "il utilise" l'identité de son père, dont le prénom est Jack, pour obtenir sa licence deux ans avant la limite légale. Le pilote est né, Jack Findlay vivra pour la course.

En sortant de l'école, il rejoint la Commonwealth Bank of Australia, quelques années plus tard il se marie, mais consacre tout son temps libre à la moto. Doué, mais sans budget suffisant, il a du mal à connaître le succès. A l'époque, ce pays, qui donnera tant de grands champions à la moto (W. Gardner, M. Doohan, T. Bayliss, C.Stoner et autres), offre peut de perspectives dans un sport dangereux et qui reste relativement confidentiel (Piaf chante "l'homme à la moto" en 1956 ; on est très loin de la Moto GP et de Valentino Rossi …) même en Europe ou c'est pourtant là que tout se passe : les grandes marques anglaises et italiennes, les pilotes d'usines, le Tourist Trophy, le Championnat du monde : "le Continental Circus". Fin 1957, du rêve plein la tête et déjà une détermination farouche, Jack décide d'y provoquer son destin.

En 1958, Il quitte tout, son pays, ses proches, son emploi, et prend le bateau pour l'Europe, avec sa femme, pour tenter de devenir pilote professionnel. Il débarque en Angleterre, sa passion pour toute richesse. Les premiers temps sont durs, la situation est trop précaire pour son épouse, alors enceinte, qui le quitte et retourne en Australie ; il ne la reverra jamais. Un jour, près de quarante ans plus tard, un homme frappera à la porte : "je suis votre fils …". Souvent, il a fallu faire des choix bien difficiles pour répondre aux exigences de la passion.

Désormais seul en Angleterre, Jack Findlay trouve un emploi à l'usine BSA de Birmingham. Il achète une Norton Manx 350cc et commence à participer à des compétitions sur les fameux "short circuits", une spécialité locale, des tracés courts et tortueux, favorisant les courses en paquets. Une école rude mais formatrice où il va acquérir de l'expérience aux cotés de spécialistes comme Derek Minter ou Bob Mc Intyre. Il a 23 ans. A un âge ou d'autres déambulent le week-end à Luna Park, lui c'est à Oulton Park ou Mallory Park qu'il s'amuse. Dès l'année suivante, 1959, L'australien décide de tenter l'aventure des Grand Prix. Il participe à la manche allemande. Comme les organisateurs imposent de participer à au moins deux catégories, il va courir en 350cc et 500cc avec … sa Manx 350cc. A partir de 1960, il part vivre en France, près de chez Jacques Insermini, à l'époque le seul pilote français à faire la totalité du Championnat du monde 500cc, pour faciliter ses déplacements en Europe.

1961 est sa première saison complète de Grand Prix. Il va terminer vingtième du Championnat avec sa vielle Manx 500cc. Sur le circuit de Clermont-Ferrand il croisera la compagne d'Insermini, Nanou, qui sera l'interprète entre Jack et le médecin qui veut lui refuser le départ après une chute. Ils se croiseront encore. Plus tard, "Madame Continental Circus" partagera la vie et la passion de cet homme discret pendant plus de 15 ans.

FMM026.jpg

1961 est aussi une année marquante au plan sportif : Mike Hailwood, chez MV Agusta, finit deuxième du championnat, "Mike the bike" fonçe vers sa légende, Bob Mc Intyre, sur sa Norton spéciale termine quatrième, avec déjà en tête un projet de cadre novateur pour la saison suivante, sur sa Manx, Phil Read fait ses gammes à la dix-septième place.

En 1962, Jack termine vingt-et-unième, avec de nombreux soucis mécaniques sur la vieille Manx. En fin d'année, un peu lassé, il envisage de passer en auto. Les tests avec une Cooper-Climax sont concluants, mais il manque à nouveau de moyens, le projet est abandonné. C'est alors que Lew Hellis, directeur de la compétition chez Shell, lui propose un petit soutien financier et l'aide à acquérir la Matchless G50 à cadre périmétrique crée par Bob Mc Intyre, qui vient de se tuer en course quelques mois plus tôt. Cette moto va permettre à Jack de vraiment s'exprimer. C'est le début d'une "véritable histoire d'amour" selon ses propres termes.

FMM027.jpg

De 1963 à 1967, en 500cc, il va terminer successivement : 8e (avec notamment une 2e place en Italie), 15e (à cause d'une fracture de crâne en milieu de saison), 7e, 3e (derrière Agostini sur MV et Hailwood sur Honda, avec des podiums en Allemagne de l'Est, Finlande et Italie), 5e (avec trois podiums).

Sa meilleure saison sera 1968. Il est sacré vice-champion du mode 500cc, avec toujours la Matchless Mc Intyre, derrière Agostini sur la MV d'usine, intouchable. Il obtiendra cette année-là 5 deuxièmes places et une troisième place.

Tous les espoirs sont permis pour 1969, mais c'est une "saison en enfer" (*). Il est pilote officiel Linto (**), mais la moto est fragile, les cassent et les chutes se multiplient. La Linto est si souvent en panne que Jack doit emprunter d'autres motos, il chute encore avec la Jawa, qui serre régulièrement, puis avec la Matchless prêtée par Peter Williams. C'est cette année noire que relate le film "Continental Circus" de J. Laperrousaz.

FMM028.jpg

Après avoir touché le fond l'année précédente, Jack se remet en selle. Avec sa détermination tranquille, il déménage pour Milan, près de son ami Daniele Fontana, le fabricant de frein, il fait la saison 1970 avec une Matchless à cadre Seeley, avec laquelle il finira huitième. En parallèle, il projette, avec Fontana, la construction de sa propre machine (sur la base d'un moteur bicylindre 2 temps Suzuki) la JaDa (Jack et Daniele). Malgré le refus de Suzuki de leurs vendre des pièces racing, ils persévèrent.

FMM031.jpg

Jack Pilote la JaDa au cours de la saison 1971, la moto est une réussite. Elle lui permet de terminer à la 5éme place du Championnat et, surtout, de remporter enfin son premier Grand Prix, en Irlande (Ulster GP). Ce sera la première victoire en 500cc d'un moteur 2 temps et aussi le premier succès de Suzuki … En tout cas c'est ce que dit Suzuki, mais Jack déclare en 1975 : "j'ai gagné le Grand Prix de l'Uster avec la 500 JaDa. C'était ma moto".

FMM030.jpg

Après ce succès, l'importateur italien Suzuki, l'aide en lui fournissant en 1972 une machine pour participer à plusieurs manches du nouveau championnat FIM 750cc. En Grand Prix 500cc il continue à courir avec la JaDa se classant 8éme. En 1973 et 1974, il obtient des Suzuki d'usine en 500cc et 750cc. Il termine deux fois cinquième en 500cc, Gagnant le TT Senior en 74, et deux fois 3éme en 750cc.

FMM033.jpg

Mais il a quarante ans … Suzuki ne renouvelle pas son contrat pour l'année suivante. Il repart donc en 1975, sur une Yamaha privé préparée par ses soins, et décroche enfin le titre, en 750cc. Il termine 10éme en 500cc toujours sur Yamaha.

FMM032.jpg

Vétéran de 43 ans, Il participera encore à deux saisons de Grand prix, en 1976 et 1977 sur Suzuki, se classant 8ème et 16ème et remportant le Grand Prix d'Autriche 1977 (alors que certains ténors boycottent la course qui se déroule sur le dangereux circuit du Salzburgring), pour sa dernière saison complète de Grand prix. Il se retire officiellement de la compétition à 43 ans, lors du Grand prix d'Allemagne 1978, après sa participation au Bol d'Or, au Castellet. Sa carrière de pilote aura été la plus longue de l'histoire des Grand Prix. Il "raccroche le cuir" après 20 ans de courses en Europe, 28 ans après ses premiers tours de roues en Australie.

"raccrocher le cuir" n'est pas la bonne expression. Lorsqu'il était pilote, Jack a beaucoup travaillé avec Michelin ; il fut le premier pilote à utiliser des pneus de cette marque. Après la fin de sa carrière, Il devient pilote essayeur pour la marque clermontoise et développe le pneu radial pour moto. Les collines d'Auvergne résonnent encore des milliers d'heures de tests qu'il réalisa sur la piste d'essai du fabricant pendant des années. Après un grave accident, en 1987, il cesse cette activité. Il est recruté comme conseiiler technique de la DORNA. A partir de 1992, Jack occupe le poste de directeur technique du contrôle pour les Grands Prix FIM et IRTA. Il l'assumera avec son immense expérience et sa passion intacte de la compétition moto, jusqu'en 2001. A cette date, il prendra sa retraite, à 66 ans, respecté apprécié et aimé de tous. Retiré dans le Sud de la France, à Mandelieu, avec son épouse Dominique Moneret. Jack Findlay s'est éteint le 19 mai 2007.

FMM036.jpg

Jack Findlay, restera à jamais le symbole du "Continental Circus". Une époque où, vivant dans leurs camions ou leurs caravanes comme des saltimbanques, préparant eux-mêmes leur moto, les pilotes pour la seule passion de la course sillonnaient l'Europe. Chacun espérait que la maigre prime de départ lui permette de poursuivre l'aventure jusqu'à l'étape suivante. Voyage aléatoire et dangereux sur le chemin de la liberté.

Mais Jack c'est aussi (je ne veux pas en parler au passé), une immense passion, sans concession, un courage calme et une détermination sans faille. Il déclarait en 1972 : " Je suis peut-être un aventurier […] Je suis un homme comme ça. Pour moi, la vie n'est pas faite pour rester au même endroit, travailler régulièrement pour avoir la sécurité, pour gagner de I'argent Ce n'est pas une vie pour moi. Je cherche seulement l'aventure, je veux regarder le danger en face et j'essaie de m'en sortir à chaque fois. C'est ma raison de vivre." Il est sans doute l'homme le plus indépendant ("de toute façon un pilote est toujours tout seul" disait-il en 75 après son titre mondial) et le plus intègre que j'ai eu l'occasion de croiser.

Il voulait gagner à sa manière, dans l'idéal avec sa propre machine, Jamais abattu par les épreuves, perfectionniste, puriste et d'une modestie absolue. Dans un monde qui incite de plus en plus à la facilité et privilégie souvent le paraître à l'être, c'est un exemple assez rare pour être souligné.

… Ago se souvient de Jack Findlay

FMM034.jpgFMM035.jpg

"Je garde un grand souvenir de lui. Une histoire d'amitié aussi. A l'époque, le paddock était une grande famille, et avec Nanou (sa compagne), il invitait tout le monde. Mon meilleur souvenir est quand il a gagné une course devant moi après une belle bagarre. S'il avait eu une moto usine... En tout cas, je ne pourrai jamais le comparer à aucun autre pilote. Jack Findlay restera Jack Findlay... " (2007)

___________________________________________________________

(*) "Star d'un film culte. Je n'aime pas ce film. Le projet initial, c'était de montrer un vice-champion du monde. Le film a été tourné la mauvaise année : Jack Findlay était autre chose que ce pilote toujours par terre. Il aurait fallu pouvoir dire pourquoi il tombe, pourquoi les casses s'accumulent." (Nanou – 2004)

(**)Motos de compétition créées par LINo TOnti, dans les années 1970. Le moteur de 500 cm³ résulte de l'accouplement de deux moteurs de monocylindre 250 cm³ 4 temps de marque Aermacchi. Le cadre est original, il s'agit d'un treillis de tubes fins. Ces motos étaient de vraies motos de course, exclusivement conçues pour la compétition. Elles étaient rapides, mais fragiles, notamment au niveau de la distribution, qui se faisait par tiges et culbuteurs, donc peu adaptée aux hauts régimes..

Link to comment
Share on other sites

PROJET FINDLAY'S MATCHLESS Mc INTYRE

II - Son palmarès (résumé)

Championnat du monde 500cc

1961 – 1962 les début sur une Manx

1963 – 1967 L'épopée avec la McIntyre Matchless

1968 Second de championnat sur la McIntyre Matchless derrière Agostini

1969 Saison infernale sur Linto et autres – film "Continental Circus"

1970 sixième sur une Matchless Seeley

1971 cinquième sur la JADa. Victoire au GP de l'Ulster

1972 huitième sur la JaDa

1973 cinquième sur la Suzuki. Victoire au Senior TT

1974 cinquième sur la Suzuki d'usine 5

1975 – 1977 les dernières annèes sur Yamaha et Suzuki. Victoire au GP d'Autriche

1978 dernier Grand Prix en Allemagne

FIM Formule 750

1973 troisième

1974 troisième

Championnat d'Europe 750

1975 Vainqueur

Bol d'Or

1978 4ème

FMM037.jpg

A très bientôt pour la suite et fin de cette présentation ;)

Link to comment
Share on other sites

Bravo Pierre ,tres émouvant.Il a également à l'image d'un hailwood piloté un grand nombre de motos différentes au hasard de mes souvenirs 50 Bridgestone 125 Maico des Bultaco, Aermacchi ,V7 sport Guzzi au bol70 etc....

Link to comment
Share on other sites

Bravo Pierre, très émouvant. Il a également, à l'image d'un hailwood, piloté un grand nombre de motos différentes au hasard de mes souvenirs : 50 Bridgestone 125 Maico des Bultaco, Aermacchi ,V7 sport Guzzi au bol70 etc....

Oui c'est vrai Hervé. Il a fait un GP du Japon en 50cc pour Bridgestone. Pour la moto la liste et longue :D on peut rajouter : Cardani, Jawa, diverses Yamaha, ...

Content que cette petite présentation te touches. Tu vas voir tu vas aimer la suite ...

Link to comment
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Reply to this topic...

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...