Vernir en polyuréthane 2K How to...

[bruno]

Vu le nombre de membres confrontés à des difficultés et des réticences à utiliser les vernis polyurethane à l’aérographe, je  vais faire un tour d’horizon des différentes étapes à respecter.

J’essayerai d’être le plus précis possible mais il se peut que j’oublie des détails qui me semblent évidents. Certains diront que j’exagère, que c’est trop contraignant, trop long, trop difficile… Non, c’est juste une question d’organisation et on prend rapidement l’habitude et ça marche à tous les coups sans risque si on respecte les étapes et si on reste méthodique.

Je vernis les modèles en polyurethane depuis février 2007 (Wip de la Yamaha Sarron)

Le premier essai fût couronné de succès et j’ai donc abandonné toute autre forme de vernis sauf pour les mat et satiné que j’utilise chez ZP pour les petites pièces.

 

 

 

Produits : Le vernis utilisé est pour ma part du Sikkens Autoclear car il était utilisé par les peintres à mon travail et j’ai eu la chance d’en faire quelques provisions.

Les marques comme Glassurit et bien d’autres font d’excellents produits également. Vous n’aurez que l’embarras du choix.

Il faut juste respecter les compatibilités. Ne pas mélanger les marques en supposant que ça va fonctionner.

La conservation : Le vernis et le diluant peuvent se garder très longtemps.

J’en veux pour preuve que j’utilise encore du vernis ayant au moins 15 ans… il perd juste en fluidité et demande donc plus de diluant.

Le durcisseur en revanche doit être conservé à l’abri de la lumière, en pot de verre ou métal bien hermétique et à T° modéré. Attention de ne pas y ajouter un autre produit par inadvertance. Pour cela utiliser exclusivement une pipette propre.

J’attire votre attention aussi sur le fait que ce produit durcit et devient très adhérent, il convient donc de soigner le rebouchage du flacon sans laisser de durcisseur sur le bouchon sinon il devient extrêmement difficile à rouvrir.

Précautions et sécurité : Ces produits sont nocifs, je conseille donc de se protéger en revêtant un masque à cartouches. Ça n’est pas très cher, en tout cas moins qu’un poumon. Une bonne ventilation (extraction) est appréciable et évite les retombées. Je conseille également de revêtir une tenue adéquate (comme Sheila) perso j’utilise une combinaison en papier dont j’ai coupé les jambes. Le but est multiple : protéger ses vêtements, protéger le modèle à vernir des retombées de fibres et poussières générées par vos vêtements. Il est déconseillé de vernis avec certaines fibres (polaire) qui dégagent constamment des fibres.

Préparation : Elle est la même que celle nécessaire avant tout vernissage.

Débarrasser les pièces de tout corps gras, reste d’assouplissant, poussières, traces de doigts etc, donc lavage à l’eau chaude en prenant soin de ne pas endommager les décals.

Sécher et souffler.

Bien immobiliser les pièces sur leur support (pince, stick, support)

Effectuer le mélange vernis + durcisseur + diluant dans un verre à mélange en utilisant 3 pipettes graduées identifiées par produit (pas dans le godet de l’aéro) C’est ici la seule contrainte supplémentaire par rapport à un vernis synthétique ou acrilyque.

Respecter les proportions du fabricant. Perso j’utilise 2 doses de vernis pour 1 dose de durcisseur et 1 dose de diluant. J’ajoute ensuite éventuellement un peu de diluant si je trouve mon mélange trop visqueux. Bien mélanger avec un stick propre puis transvaser la quantité nécessaire dans le godet.

Je pulvérise toujours à 2 bars (indication avec débit en action). J’utilise indifféremment mon Badger 175 ou mon Iwata HP-TH. L’Iwata a une pulvérisation bien plus fine et bien plus dosable que le Badger ce qui en fait un outil idéal.

Toujours commencer par effectuer un essai sur une pièce inutilisée afin d’amorcer l’aéro et de visualiser la pulvérisation.

Application : Commencer par pulvériser une fine couche sans charger pour valider la compatibilité avec les décals. Il y a normalement aucune réaction à craindre néanmoins certaines productions sont parfois plus fragiles comme les décals ALPS ou les décals dorés. Une fine couche fera office d'isolant face à la seconde couche.

Commencer aussi par les zones les moins accessibles (les entrées  d’air, les ouïes) Sur ce point personne ne pourra me dire qu’une bombe aérosol donne satisfaction.  

Attendre 10 min, puis passer une couche mouillée afin d’obtenir un beau tendu. A ce stade, bien vérifier que toutes les zones sont chargées. Si vous êtes satisfait de votre travail vous pouvez soit vous contenter d’une seule couche, soit attendre 10 mins et repasser une seconde couche.

Quoi qu’il, en soit, ne jamais repasser une seconde (ou troisième) couche pendant la phase de polymérisation.  Par exemple entre 1 heure et 12 heures après la dernière couche.

Vous aurez immanquablement l’apparition d’yeux de poissons, comme des petites bulles.

Séchage : Placer les pièces hors poussière (si possible), sous cloche par exemple.

Dans tous les cas placer les pièces hors de la zone de travail et de nettoyage de l’aéro.

Nettoyage : Je sais que là aussi certains vont dire que c’est une galère.

Non, c’est rapide et facile. Le bac à ultrasons est optionnel. Si vous n’en avez pas vous vous contenterez de deux pots de confiture avec du diluant et un petit pinceau.

Utiliser du diluant cellulosique ou mien de l’acétate d’éthyle (beaucoup moins nocif)

Peaufiner le nettoyage dans un second bain de produit propre et souffler. Ne pas replacer l’aiguille dans l’aéro ce qui a pour effet de la coller (souvenez-vous, le durcisseur colle)

Finition : Plusieurs options s’offrent à vous, soit vous êtes satisfait du résultat et les pièces sont donc prêtes à installer 24 heures après les couches successives de vernis. , soit vous désirez faire disparaitre une inclusion de poussière ou une légère imperfection par polissage du vernis, soit vous décidez de tout poncer et repasser une couche supplémentaire. Il vous faut dans tous les cas attendre le durcissement à cœur de la couche de vernis pour tenter quoi que ce soit. Le vernis pourra être poncé finement au 2000 ou 2500 ou à la pastille 3M 9 microns plusieurs jours après l’application (une semaine). N’oubliez pas que vous êtes limité dans votre action à l’épaisseur de la couche de vernis. Par conséquent tout perçage de la couche demandera un nouveau vernis. Un polissage est aussi réalisable avec par exemple les produits 3M ou les polish Tamiya.

 

Conclusion : Le vernis polyuréthane à l’aérographe n’est ni plus long, ni plus onéreux qu’un vernis acrylique ou un vernis en aérosol si on est méticuleux et qu’on tient compte du fait qu’aucun échec ne sera à déplorer. Depuis 2007 j’en suis à 49 modèles de motos 1/12 + 1 auto 1/12 sans aucun échec. Imaginer la même chose avec du TS13 serait une perte de temps et certainement des abandons.

 

 

[lolo]

tout est dit et bien dit  

je rajouterai juste comme petit conseil ,de regarder sur YouTube des vidéos de vernissage 
d'une part ,pour voir le débit que doit avoir le vernis ,"le nuage de vernis"qui sort de l'aéro 
la distance d'application et le geste de la main avec l'aéro  

 

[hugs78]

ha oui, top ça 

Pour le nettoyage, tu procèdes uniquement par "trempage" + brossage ou tu fais une pulvérisation avec le diluant au préalable?

Tu parles d'utiliser des pipettes propres et sticks propres. Tu utilises des neufs à chaque fois ou tu les nettoies également?

En tout cas, un grand merci.

[bedou]

Parfait, tout pareil pour moi 👍

si je dois ajouter un truc , c’est la dilution, ne pas s’arrêter à des doses indiquées mais se fier à la viscosité et fluidité et surtout comme tu l’as dit tester sur une cuillère avant le modèle 

 

[bruno]

il y a une heure, hugs78 a dit :

Pour le nettoyage, tu procèdes uniquement par "trempage" + brossage ou tu fais une pulvérisation avec le diluant au préalable?

Tu parles d'utiliser des pipettes propres et sticks propres. Tu utilises des neufs à chaque fois ou tu les nettoies également?

Pour le nettoyage, je vide l'excédent puis j'essuie ce qui reste au fond du godet. Ensuite je pulvérise le restant. Je démonte et place les pièces dans un pot de diluant qui va dans l'eau du bac à ultrasons. L'aérographe baigne jusqu'à la gâchette. Attention au joint de l'air valve. 

J'utilise des pipettes neuves pour le durcisseur et le vernis. Inutile pour le diluant et les peintures.

 

[ptiper]

Merci Bruno pour ce tuto super détaillé !

Je vais l'imprimer et le garder à portée de main de la cabine de peinture !

[hugs78]

Il y a 15 heures, bruno a dit :

Pour le nettoyage, je vide l'excédent puis j'essuie ce qui reste au fond du godet. Ensuite je pulvérise le restant. Je démonte et place les pièces dans un pot de diluant qui va dans l'eau du bac à ultrasons. L'aérographe baigne jusqu'à la gâchette. Attention au joint de l'air valve. 

J'utilise des pipettes neuves pour le durcisseur et le vernis. Inutile pour le diluant et les peintures.

 

Merci pour ces précisions 

[caphil]

Tout est clair.

je précise que je n'ai jamais eu aucun échec non plus depuis que je l'utilise, en respectant toujours la 1ère légère couche puis la suivante plus chargée ensuite, comme l'a parfaitement expliqué Bruno.

Une chose à faire juste avant (valable bien évidemment aussi pour les peintures), c'est de passer un coup de pinceau antistatique Tamiya.

C'est une merveille, je n'ai quasiment jamais aucune poussière qui s'incruste.

[freinetard]

Les 10 minutes d'attente entre chaque couche ne risque pas de faire prendre le mélange dans l'aéro ?

 

Ou tu nettoies entre chaque couche ?

[bruno]

Aucun risque. Le durcissement n'est pas aussi rapide.

Je n'ai pas précisé,ne manipuler les pièces que 24 heures après les couches de vernis.

[Etienne]

On peut ajouter qu'en été (ou si la pièce-cabine de peinture est chauffée), on peut diminuer la dose de durcisseur (et remplacer par du diluant pour garder la consistance), cela ralentit le temps de prise.

Ah, et les dosages et pressions indiqués par Bruno concernent le Sikkens, plus épais que le Glasurit; pour celui-ci, si le dosage est quasi le même, la pression descend vers 1 bar.

[Screensmoke]

rare photo de Bruno en plein vernissage      

[bruno]

C'est à peu près ça.

[bedou]

petite question 

avez vu déjà eu l'effet micro bulles ?

en passant la deuxième couche de verni sur ma mc laren, alors que je fais tjs comme d'hab vernis renaissance 2 / durcisseur 1 / diluant +ou-2

les petites pièces on un rendu nickel, mais sur la carrosserie apparition de micro bulles par endroits

rien de catastrophique car elles sont très très petites et seront estompées au polissage mais c'est la première fois que cela m'arrive.

le seul changement c'est que j'avais placé un halogène de chantier au dessus de moi pour bien voir l'application du verni, est ce que cela chauffe trop ? et trop vite ?

sinon à quoi peut être dû ce phénomène ?

merci